Témoignage-conférence et jeux clownesques sur le très triste sujet du cancer, proposition de Régine Breyton (Reg)
Dramaturgie, adaptation du texte pour la scène: Gracine, pour les Éditions TEXTEmachine, dépositaire officiel
FORMAT
L'Échappée belle de Régine Breyton est une conférence-témoignage sur son expérience avec le cancer entremêlée de moments clownesques. Construite en dix chapitres-numéros (Le Diagnostic, L'hôpital, L'opération, etc.), cette oeuvre dramatique propose une réflexion sur les innombrables absurdités qui jallonnent l'existence du malade atteint de cancer. C'est l'artiste qui détermine lequel elle performera, compte tenu du contexte de diffusion et du public en présence. En prestation sur scène ou dans la rue, le jeu de l'interprète s'adapte au contexte de présentation. Pour un public intime ou l'agora d'un cirque, l'artiste improvise l'enchaînement des scènes, à chaque fois renouvellé dans la présence avec le public.
Conférence-Témoignage à durée variable (10 à 30 min), peut s'adapter au contexte de diffusion. Prestation parfaite pour ajouter une touche d'absurdité à un événement thématique (thérapie par le rire, ressourcement personnel), ou pour collaborer aux arts de la scène, de la rue et du cirque.
LE CANCER, UN SUJET À FUIR
Parfait pour faire fuir les foules, le cancer est un sujet de choix pour Régine et son alter ego clownesque, Mine de Rien, deux impertinentes qui se posent gentiment en donneuses de conseil*à valider ensemble. Philosophe, poète, bel esprit qui se moque habilement des travers humains, Mine de rien fait mouche à tout coup avec ses moqueries naïves, mais c'est Régine qui atteint l'objectif au coeur de la prestation soit celui d'éduquer, communiquer, partager, rapprocher.
À chaque performance, le témoignage de cette survivante, de celle qui l'a échappée belle s'énonce, renouvelée, actualisée. L'artiste en mutation prise par l'urgence de témoigner, partage sans façade ses peurs résiduelles. À travers l'appareil médical, les services sociaux, les proches, elle raconte l'indicible, l'injustice, l'insenbilité, l'insensé, l'isolement, la détresse. Elle dénonce, elle infome: en plus de semer l'angoisse, le cancer projette les malades dans l'indigence et la solitude extrême.
MINE DE RIEN
Femme clown, un peu Fifi Brindacier, un peu Gelsomina dans la Strada de Fellini, beaucoup Régine. Naïve, lunaire et douce, son rire est aussi mutin qu'empreint de doute et d'empathie envers le genre vivant. Tantôt conteuse à masque découvert, tantôt clowne au corps parlant mieux que les mots, Régine Breyton, à force de reprises et de répétitions, façonne sa MINE DE RIEN en une clowne qui se déploie, authentique, par le récit de son courage, en héroïne engagée sans contredit dans une action sociale.
Chapitre-numéro 1 - Le diagnostic
Deux chaises distancées, face public. Une valise déposée à l'écart. Entrée neutre, adresse directe au public.
MINE DE RIEN, chemise déboutonnée, chapeau en main, nez rouge pendu dans le cou au bout de sa corde. Elle porte un faux ventre comme si elle était enceinte de 5-6 mois. Elle se flatte le ventre, protectrice, aux aguets, elle regarde les gens dans les yeux, leur sourit, leur dit bonjour, s'informe de leur santé, tout en finissant d'ajuster son costume. Quand tout est fait, elle reprend le mouvement de flatter son ventre, avec le sourire lumineux d'une parturiante. Sur le même ton que - C'est un garcôn! - elle proclame: C'est un cancer! Mais je le savais pas, au début. Et j'ai pensé à tout, sauf à ça.
Une musique tonitruante, style bollywood, ponctue un retour dans le temps et situe l'action.
Je suis au Népal. Je me sens privilégiée d'être là. Tout de cette société me rappelle que j'ai eu de la chance de naître dans un pays libre, d'avoir eu des parents, de l'éducation, de l'eau... Avec Clowns sans frontières, je viens enseigner le cirque à des jeunes qui ont eu pas mal moins de chance que moi, ahhhhhh mais ça, c'est une autre histoire... L'histoire en fait, est celle de mon ventre qui grossit, et grossit... J'ai beau faire des abdos, marcher 5 km par jour, rien y fait, mon ventre grossit rapidement. Dans ma tête, je jongle avec les hypothèses: ménopause? hernie? allergie aux épices? au gluten?
Mon prof de yoga me recommande d'aller consulter son père, le médecin ayurvédique du roi, pas rien quoi? Je suis dans le bon pays pour ça. Il a pris mon pouls, sans plus, m'a donné des herbes et recommandé du repos. Tu parles! Je fais déjà ça! Néanmoins, à tous les jours, je tiens une discipline de fer: je mange que des légumes, je fais du yoga à 6h 00 du mat. Aie-Aie-Aie ça ne passe pas ? (fait mine d'arracher cette excroissance, se bat avec, de la bercer, de la violenter, ad lib). Pire! j’ai des gaz incessants, je pétarade (son ton ralentit, retient les mots, baisse le son, devient une confidence) sans aucune possibilité de retenue. La honte!| L'angoisse! Quand je m’endors le soir seule, insomniaque, dans une maison qui m'est inconnue, dans la noirceur obligée des couvre-feux, que je ne comprends plus rien à ce corps que je soigne depuis 50 ans.
[jeu sur la solitude]
J'ai besoin de savoir. Je dois savoir avant de reprendre la route. Je m'en vais dans le sud, à Lumbini, là où Bouddha a eu sa révélation. Pour moi là, c'est Lumbini le programme. C'est là où je me dirige. À ça que je consacre ma vie. J'ai besoin d'en avoir le coeur net, parce que si je suis pas malade, je donne ma langue au diable. C'est que... c'est que... c'est qu'une autre hypothèse trotte à fond de train dans na tête... [Début axe démence - Le monde va si mal, et si par l'opération de la terre-mère, je portais le prochain messie??? - piste de travail]
Je vais donc à la clinique occidentale dans le beau quartier des ambassades et bombarde la doctoresse de questions: Qu’est ce que j’ai? Une allergie? Et pourtant je mange presque rien. Pourquoi mon ventre gonfle? Un fybrome? De l'endométriose? Pourquoi mes veines deviennent apparentes? On me garde pour passer une échographie et on me promet le résultat pour 18h. Wow, examen, test de contrôle et diagnostic le jour même. C'est du 5 étoiles! J'aurais pas juré là-dessus en arrivant dans cette clinique!??
18h sonne. La doctoresse, qui est une femme de cœur, ne revient pas seule. Elle a demandé à une infirmière d’origine française d’être là pour me parler en français et à une autre collègue dont je ne saisis pas la fonction. Elles sont trois. Wooooo. Trois comme les rois mages, trois comme la trinité, c'est un présage... branchée direct sur le cosmique, j'accepte la noble tâche que Gaïa me confie (prise d'une illumination, elle se dresse puis grimpe sur une chaise, prête à être consacrée) Je suis la nouvelle Marie, la nouvelle Vierge Marie! Je le savais, c'est vrai, je le sentais, je porte le messie, la médecine n'a pas d'autre explication, la science au complet est bouchée, y'a pas de procédé bio là-dedans, par la magie du saint esprit, je porte en moi le sauveur de l'humanité (musique d'épiphanie).
Mais la voix de la doctoresse ne rit pas. La voix de la doctoresse me parle mais je n'entends pas. Un concert? Quel concert? La voix de la doctoresse parle tranquillement, en calculant le poids de chaque syllabe, elle me regarde avec gentillesse, comme un enfant. Je finis par entendre "masse cancéreuse", "urgent"... . La doctoresse a pris mes mains. (avec une petite voix aigue, asiatique) C'est le can-cer, Madame, vous devez rentrer chez vous. Y'a-t-il quelqu'un qu'on peut appeler? Je tombe en bas de ma chaise.
Rentrer tout de suite au Canada? C'est pas possible, je viens d'arriver. Mon contrat de travail commence à peine. C'est pas possible, on m'attend à Lumbini pour faire une retraite Vispassana, je pars ce soir en autobus, douze heures de trajet sur des routes cahoteuses, au son de la musique indienne. J'en rêve depuis des... Je ne peux pas partir tout de suite. J'ai des tas de gens à qui je veux dire au revoir, des tonnes de cadeaux à faire, pour mon chum, pour la mère de mon chum, et la fille de mon chum, et mon amie (etc. à développer). Et il faut changer toutes les réservations de billet.
Drôle de retour, 2 jours de voyage, je n’irais pas me balader à Londres comme à l’allée. Juste une pensée, j’ai un cancer.
Chapitre-numéro 2 - Hôpital
Mon chum est à l’aéroport pour m’accueillir, il était là la veille. Je lui ai dit
que s’il voulait , il n’était pas obligé de rester avec moi, je connais le cancer,
je l’ai vécu avec ma mère, je connais ses conséquences sur la vie familiale.
La maladie transforme les relations, les mots couverts, les attitudes
vertueuses se transforment en frustration, (aliénation). Le soir, une pile
d’oreillers pour m’installer, pour soulever ma tête, tout mon ventre est
remonté. Cette chose presse sur mon estomac et mes poumons, je me sens
comme la princesse au petit pois. Je ne dors pas. Est-ce que je vais mourir ,
c’est quoi la mort. Demain, on commence les démarches. Je n’ai pas de
médecin de famille. On me conseille d’aller à l’hôpital Notre Dame.
Heureusement, j’ai mon dossier de Katmandou, la meilleure porte
d’entrée, l’urgence. Quand on rentre à l’hôpital, on attend, on devient
patient, finalement, après être restée toute la journée, je vois une
gynécologue qui dit qu’elle m’appellera. Retour à la maison, on me dit que
que personne ne doit me lancer un ballon dans le ventre, sinon, cela
risque d’éclater. Je consulte des sites d’internet qui me confirme juste tous
les symptômes. Mon chum me paie le coiffeur, que mes cheveux vont
tous tomber après, mon visage est très maigre, les os de mes tempes
ressortent. C’est le printemps érable, il fait chaud. Je dois surveiller si mes
jambes enflent, n’étant pas sure, je retourne à l’hôpital, je me fait dire par
un infirmier qui parle de ces vacances « Ce n’est pas tous les jours que l’on
vous annonce un cancer, mais on ne peut rien faire pour vous, retourner
chez vous. Je me sens démunie, je me sens seule, où aller chercher de
l’aide. Attendre le téléphone de la gynéco qui n’arrive pas, et mes nuits
sans sommeil. Finalement tél, ticket pour l’hôpital, un lit dans le couloir, et
double chance, une chambre se libère, je ne passerais pas la nuit dans le
couloir. J’ai une semaine avant mon opération à l’hôpital. Je n’ai pas peur
de l’hôpital, j’y ai passé toute mon enfance à visiter ma mère, et j’ai vu
comment ma mère s’organisait pour ce séjour, maintenant c’est mon tour.
Aller on passe la jacquette, une bénévole vient me faire un massage, le plus
beau cadeau qu’on ait pu me faire jusqu’à présent, je m’endors après
toutes ces nuits sans sommeil.
Cinq personnes seront mes voisins de lit pendant mes 15 jours
d’hospitalisation. Première nouvelle, on ne se repose pas à l’hôpital, il y a
une activité incessante, c’est une vraie ruche. D’abord celui qui vient faire
la prise de sang à 6h du mat. Je l’appelle l’ange Gabriel, il est noir tout
habillé de blanc immaculé, il arrive dans ma chambre avec une grâce infinie
comme s’il flottait à la lumière du jour. Ensuite, à 8h00, le plateau du petit
déjeuner, et les infirmières qui se présentent, bonjour mon nom est , En
effet on peut lire leur nom sur leur blouse. On se dirait dans un club
de gentils organisateurs. Je souris, je parle à tout le monde. Cela n’arrête
pas, c’est un vrai ballet entre les différents intervenants, par contre, pas de
trace de docteur, on ne le voit pas, comme il vient que de très rares fois, il
faut écrire ses questions à lui poser, pour être sûre de dire les bonnes
choses. Dans le lit d’à côté, une femme de 70 ans, dont le cancer a été
détecté longtemps à l’avance. Je suis au 6AB de l’hôpital Notre Dame,
l’étage où l’on traite les cancers. On y rencontre même des pairs en
jacquette, un jongleur, on se sourit, on ne s’attendait pas à se rencontrer là,
lui, c’est la leucémie, je le revois repartir avec son soluté, j’espère qu’on se
reverra. Bref, on ne se repose pas, on est interrompu sans cesse, à minuit
c’est une autre infirmière et à 2h du mat, l’infirmière de nuit, elle , elle n’est
pas très gentille. Bref, c’est fatiguant.. Au moins, la première semaine, on
va me soulager, on m’enlever 5 l d’eau dans le ventre. On me fait un trou
dans le ventre et je vois l’eau qui s’en va dans une bonbonne au plafond,
c’est un liquide jaune marron. Il faudra une deuxième bouteille. Tout le
monde est gentil et te souris, alors tu souris, aussi, et tu fais des jokes. Les
meilleurs, ce sont les préposés. Ils inventent pleins d’histoires. Ou est ce
que je vous amène ? Voulez-vous y aller en avion, en bateau. Je me mets à
regretter de ne pas avoir pris l’hélicoptère pour aller voir l’Himalaya, cela
me paraissait cher à l’époque, 100 dollars, aujourd’hui, je trouve cela
ridicule, pourquoi, ne pas l’avoir fait?.
On me soigne aux petits oignons, on vérifie mon cœur. je peux un peu plus
manger grâce à ces 5 l d’eau en moins. La date de l’opération approche. Il
faut que le bloc opératoire soit disponible. Entretemps, je me ballade dans
l’hôpital, je deviens le petit rat de l’opéra.
Le 6AB, que de bons souvenirs, les infirmières sont aimables. Je vais au scanner,
un gros tube dans lequel on vous enfonce, pour voir les organes, allergique à l’iode
que l’on m’a donné pour cette opération, de plaques rouges apparaissent dans mon dos,
j’ai la gratouille.
Chapitre-Numéro 3 - Opération
texte du fauteuil Jour 2
On nous apprend à marcher, ma voisine qui a eu la coupe Bikini, marche
Déjà. L’enjeu: passer du temps dans le fauteuil. Je parlemente encore, pas
Moi, le docteur a dit, mais non , ils ne veulent rien savoir. Je dois marcher,
ils sont trois à me tenir, d’abord , il faut se redresser, mettre la serviette
contre le ventre de façon à remplacer les organes enlevés. Je ne sens plus
mes jambes, en raison de la péridurale, ma jambe est toute engourdie. Aller
au fauteuil ressemble à une épreuve olympique, il faut s’assoir et rester. J,ai
juste envie de mon lit, mais pour aider à la cicatrisation, il faut rester. La
compétition s’engage avec ma voisine, elle est plus agée, mais elle reste plus
longtemps. Son cancer a été détecté il y a longtemps, elle avait déjà
une date pour l’opération. Mes amis viennent, Pierre Charles m’apporte
des pop sicle de toutes les saveurs et une revue sur New York où on ira
bientôt, il reviendra avec une lampe frontale pour que je puisse lire la nuit,
je fais beaucoup d’insomnie. Je me transforme en explorateur avec ma
lampe, New York, on ira quand je serais guérie.
Chapitre-Numéro 4 - Convalescence
Chapitre-Numéro 5 - Bien Etre social
A l’hôpital, on est entouré d’une fameuse équipe, travailleuse sociale, nutritionniste,
sexologue, psychologue.et infirmière pivot. J’avais reçu les papiers du bien être social
de la part de la travailleuse sociale , en arrivant à l’hôpital, une démarche un peu
rapide, lorsque l’on est pris dans le tourbillon de ce qui arrive , maladie , soins,
opération. J’avais pris connaissance de tous les papiers que l’admnistration demandait,
lettre des anciens employeurs, j’avais mon beau papier du médecin néoplasie de l’ovaire,
hystérectomie abdominale et salpingo-ovarectomiebilatérale, plus lymphaderectomiepelvienne,
plus omentectomie plus cytoreduction,plus peritorectomie sousdiapmatique droite plus pelvienne.
Impossibilité de travailler pendant 6 mois, chimiothérapie pendant trois mois.
Je m’étais rendue là bas à leur guichet, à peine sortie de l’opération et j’étais nerveuse,
je me sens toujours coupable de demander. Par la poste, il m’était arrivé encore de
nouvelles demandes de papiers à fournir. Je décide de téléphoner à la madame pour
savoir si tout est correct, celle –ci me demande avez-vous des fréres et des sœurs qui
peuvent vous soutenir, je lui dis , erreur de moi, mes parents sont décédés, et c’est là
que j’ai créé mon malheur.« Ah vos parents sont morts» dit elle d’un ton presque
jubilatoire,« je veux leur testament, vous êtes française , vous devez avoir des millions»,
mais je suis canadienne , cela n’a rien à voir. Il me faut tous les documents dans 15
jours et si je ne les ai pas ,vous devrez refaire une autre demande.
Je suis atterrée, non seulement, je dois revivre la disparition de mes parents, mais
encore, aller dans ce nid de guêpes que sont les relations familiales, mon père n’a pas
laissé de testament ni, ma mère, et je ne sais pas comment le dire
mais il y a la succession et je ne sais pas mentir vis-à-vis de l’autorité. Je contacte ma
sœur avec laquelle, je n’ai jamais été en bons termes. Cette histoire de succession est
plus large qu’elle n’en a l’air. En effet, ma famille, s’est littéralement déchirée pendant
toute mon enfance, avec cette histoire de terrain que mon grand père avait acheté,
mon père n’était jamais d’accord avec son frère et sa sœur et je n’ai pas eu de relations
amicales avec mes cousin et mes cousines en raison de ces histoires, juste des relations
polies , mais sans plus et là , ce cancer me remet au cœur de ces conflits non
résolus. Commence alors une course effrénée entre la France et le Québec pour réunir
les papiers pour le bien être social. Je suis en chimio thérapie, je suis comme dans un
demi brouillard, je suis fatiguée et j’apprendrais par la suite que c’est le lot de bien des
malades, de se battre avec la machine admnistrative , que ce soit le gouvernement ou
les assurances.
Chapitre-Numéro 6 - Départ du Chum
Chapitre-Numéro 7- Effets Secondaires
Chapitre-Numéro 8 - Hope and Cope
Chapitre-Numéro 9 - Avocats, Travailleuse Sociale, docteur
Chapitre-Numéro 10 - Aide au Malade
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