Radio-théâtre - Adaptation sous forme d'extrait de théâtre d'une ancienne nouvelle écrite il y a longtemps.
Proposition de No-Face, co-écriture avec Gracine
Synopsis
Morale (énoncée par Jérémy): si vous êtes coincé avec un groupe de survivants dans un pays étranger, surtout, soyez à l'heure. Il y a des rendez-vous dans la vie qu'il ne faut pas manquer. Ce récit est celui d'un rendez-vous raté.
Autre proposition: ce récit pourrait être une transposition d'un conte pour enfant, celui du Roi pas de culotte et de son linge invisible. Un caïd (le roi de tous les manouches?) tellement imbu de lui-même, ne perçoit pas tout le ridicule dont il s'entoure. Jusqu'au jour où l'un de ses sbires manquant à l'appel, le roi soit frappé, c'est le cas de le dire, d'évidence.
Lieu, temps
Dans un bar malfamé d'une grande ville européenne, The Cracked Boiler, au coeur des années '60. L'espace de jeu (scéno en cordage) confine le house band et l'animateur dans un recoin de la scène. L'espace client du bar se déploie à travers l'espace public qui se trouve immergé dans le jeu. Une autre idée: c'est le trône du Roi des tziganes qui pourrait être cerné des cordages, magnifié, surdimensionné;
Personnages
L'animateur : Maître de cérémonie de la place, tantôt, il s'adresse au public, cérémonieux, se conformant au programme de la soirée, tantôt, rompant le 4e mur et témoignant de ce qui se passe dans le bar, il camoufle sous ses propos crooneurs, des commentaires moqueurs, critiques, complices avec le public.
Florin: roi autoproclamé des tziganes
Tompson : son bras droit
Ashton : un suivant
Mustang (absent) : un aspirant
Clients (figurants) : Lewis et sa compagne Marie, un couple vendeur en masque à gaz| Lust, 17 ans, prostituée | Barmaid
TEXTE
Début au noir. Un fond sonore émerge progressivement évoquant l'univers agité du peuple du voyage. Des voix, des cris, des rires imprègnent l'ambiance d'une tension ludique, productive et affairée. Puis la voix de l'animateur attire l'attention.
VOIX DE L'ANIMATEUR: Le temps est brumeux dehors. Tellement brumeux que l'on n'y voit pas ses propres pieds... À donner à personne l'envie de sortir... et pourtant des ombres rôdent sous les lampadaires. Qui peut bien au chic Cracked Boiler sinon vous, mes brigands, peuple sans pays, gadjos de grand chemin!
C'est donc avec misère que je parvins finalement à entrer dans notre cher repaire: un bar en sous-sol situé dans une région malfamée de la ville, loin des hommes d'affaires en complet sombre, malette en main, loin des grands magasins où les femmes de notables dépensaient de faramineuses sommes pour chopper le parfum à la mode. Ce style d'endroit où ces même citadins auraient probablement hurlé au monstre, à l'assassin, au suicide si par malheur ils y déposaient un pied. Enfin, je divague.
Tout cela pour dire, chers amis, que je venais d'entrer par la petite porte faiblement éclairée, que je m'avançais vers un trône de fortune, un bon vieux fauteuil en cuir aux accoudoirs de bois, un petit air de jazz ajoutant à l'air ambiant une note langoureuse... En m'y déplaçant, je constatais que nombre d'habitués étaient déjà installés à leur place et vaquaient aux affaires louches. Parmi eux, je reconnus Lewis et sa compagne, Marie, petits producteurs de substances illicites qui avaient tout deux retiré leur masque à gaz et sirotaient je ne sais trop quel alcool. D'un bref signe de la main, je retirai mon chapeau pour les saluer et, à leurs tour, ils me rendirent mon salut. Je continuai d'avancer et croisai Lust, une gamine de dix-sept ans qui vend son corps. La petite, en pleurs, portait la marque d'un coup sous l'œil gauche. Un autre client mécontent? Décidément, elle avait le don d'exaspérer les pires salauds. Je la saluai, chapeau à la main. Elle me répondit timidement. Je continuai ma route en savourant l'idée de consoler la pauvre, tout à l'heure. Je finis par arriver devant un podium: MON podium. Je gravis les quelques marches en prenant mon temps, retirant méticuleusement mon manteau, pour prendre confortablement place sur MON fauteuil, MON trône. De ma table, je pouvais obeserver toute a faune et ses bassesses. Je commandîs un whisky au barman tout en attendant l'arrivée de mes trois fidèles acolytes. Seuls se présentèrent Tompson et Ashton. Pas de Mustang en vue.
"Dites donc camarades, leur dis-je, l'un d'entre vous aurait-t'il vu Mustang?"
"Il n'a pas pu venir", répondit Ashton, tout penaud.
"Comment ça il n'a pas pu venir?" Répondis-je. "Pourtant, chers Droogies, vous connaissez bien notre code, surtout la règle 2-37."
Personne n'osa répondre.
"Que ce soit un souci d'avion dont le tapis s'enflamme," poursuivais-je, "le fait que vous vous soyez perdus dans un cabaret rempli de psychopathes avides de chair humaine et d'esprits frappeurs grotesques, ou encore parce que vous faites un rhinocéros de vous, vous devez néanmoins vous pointer dare-dare, à chaque fois que je requiers votre présence. Alors, si l'un de vous connait la raison de son absence, c'est le temps de parler ou jamais!"
"Il s'est fait souffler par une bombe", (répondit Ashton gravement,avec la conscience de raconter quelque chose d'incroyable)"sauf qu'au lieu d'être... comme mort, des ailes lui ont poussé.... hum... comme en haut des épaules, et puis... et puis il s'est envolé..."
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