« Tu ne vivras pas vieux mon frère » : différence entre les versions
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<nowiki>*</nowiki>Ensemble (Texte en cours), dernière livraison par CF06mar25, avec Jean Rajotte, Ginette Racine et Xavier Gillet. | |||
= Scène 1 – La mère, 18h plus tôt = | |||
''Marguerite et ses deux fils (Alain aîné, Claude cadet) marchent dans la cour de leur fermette.'' | |||
'''Marguerite''' (''à Alain'') : Ça commence à faire trop de va-et-vient tes affaires, mon grand. Ça va piquer la curiosité des voisins. | |||
'''Alain''' : Fatigue pas avec ça, la mère. Ça commence a m’énerver que tu t’mêles tjrs de mes affaires. Ça fait des mois que je fais la job tu seul. Faque back off, tout est sous contrôle ! | |||
'''Claude''' : Ou bedon, installe-toi des belles pancartes de légumes à vendre sur le bord de la route, ça fera un beau ''front'' pour ta business pas nette nette . | |||
'''Alain''' ''(s’arrête, interdit)'': Fais pas chier Ti-cul, pis arrête de déconner avec tes niaiseries. C’est du sérieux. Ça fait trois semaines que je t’ai dit de vider le garage. Plutôt que de faire ton comique, vas donc ramasser tes cochonneries, ça presse ! | |||
'''Claude''' : C’est ton problème, pas le mien. | |||
'''Alain''' : Calvaire! Oui, c’est mon problème, pis mon problème c’est ton problème si tu ne montres pas plus de respect. C’est l’problème de tout le monde icitte. Dans l’histoire, tout ce que t’as besoin de savoir c’est que t’es un soldat, faque fais ce qu’on te dit, pis toute va bin aller ! | |||
'''Claude''' : Moi ton soldat …. dans tes rêves …. | |||
'''Alain''' : Dans mes cauchemars tu veux dire, p’tit con ? Ôte ta scrap de d’dans l’garage! | |||
'''Claude''' : Mes affaires c’est pas de la scrap ! Chu en train de me monter un ''chopper,'' tu vas voir ! | |||
'''Alain''' : J’ai pus le temps pour les jeux. J’ai besoin du garage . Faque abouti ! | |||
'''Marguerite''' : Claude bébé, arrête de t’ostiner pis va! | |||
'''Claude''' : Ayoye, J’veux rien savoir de vos affaires, vous deux, arrangez-vous! | |||
'''Alain''' : Whoa, whoa, minute là. Tu pars pas d’icitte avant d’avoir vider le garage ! | |||
'''Claude''' : Fuck off, je t'ai dit que c'était pas mon problème. Débrouille-toi donc tu seul, t’es pas infirme! | |||
'''Marguerite''' : Tais-toi Claude! Ton frère soutient cette famille faque s’il a besoin du garage, tu vides le garage. Et pis vite à part de ça. Envoye ! Grouille ! | |||
'''Claude''' : Fais chier. ''(il ramasse tout de même un morceau)'' | |||
'''Marguerite''' : Oui, je sais. | |||
''Claude capitule et sort en rouspétant, kickant un tuyau.'' | |||
'''Alain''' : Je vais barrer sa moto au morveux! | |||
'''Marguerite''' : Hey que t’as pas l’tour avec ton frère. Pour être un vrai chef, faut connaître son monde. Fais gaffe fils ! | |||
'''Alain''' : Fais gaffe à quoi ? Je sais ce que je fais, la mère. Toute la gang des Cyclones mange dans ma main. C’est moé qui mène le jeu depuis un méchant boutte, pis tu peux être fière de ça. | |||
'''Marguerite''' : Je m’inquiète de toi, Alain. On dirait que tu pognes pas le vrai caractère du monde. Crois-moi, il faudrait pas je te rapporte tout ce qui se dit sur toi... | |||
'''Alain''' : Je l’sais de quoi j’ai l’air, t’as pas à t’en mêler. C’est moé l’prochain chef, point final, câlisse! | |||
''Marguerite l’interrompt.'' | |||
'''Marguerite''' ''(fâchée) :'' Aille ! Sacre pas après moi, chut’à boutte de tes airs de méchants, on est pas dans un film de gangster, câlisse toi-même! | |||
'''Alain''' ''(menaçant) :'' Si je te pognes à te mêler de mes affaires , ça sera pas drôle ! | |||
'''Marguerite''' : C’est-tu une menace ? | |||
'''Alain''' : Bin, une mère avertie en vaut deux. Bye ! | |||
''Il quitte la scène en colère. Claude stallé juste en dedans du garage, à scroller sur son cell au lieu de travailler, à l’abri du regard maternel. Il épie sa mère. Marguerite se croyant seule lance un appel sur son cell.'' | |||
'''Marguerite''' : Salut Patrick…. Oui… non, non on est bon pour demain! … Pas pour ça j’t’appelle. Je... non... c’est ça... euh… Écoutes ! J’ai un service à te demander. Bon, mon gars-là.. oui mon grand Alain, mon gars se pense trop smatte pis il va fucker la business s’il continue de même… Une petite leçon sans trop le maganer pour le remettre à sa place ? Pas trop fort là! Jusse assez pour qu’il comprenne le message, mais pas trop pour le déboiter à vie, on s’entend? … T’as tout compris, mon Pat! Ça reste entre nous, han? Du haut du paradis des ''bikes'', ton vieux chum t’en devra une de plus…. Non, c’est vrai. Pas facile de faire la mère pis le père en même temps. OK merci, parfait! ... Ciao Patrick! (''elle vient pour rajouter quelque chose)'' | |||
'''Claude''' (''sortant de l’ombre'') : C’est qui Patrick m’man ? | |||
'''Marguerite''' ''(sursautant)'': Pose dont pas de question pis j’te conterai pas de mensonges. | |||
'''Claude''' : Ah câlice, pas un autre chum, sa mère? ''Come on''? On peut-tu avoir un ''brake'' de toué ''loosers'' que tu ramènes pis qui se prennent pour notre père ? | |||
'''Marguerite''' : Commence pas à m’gosser, toé Envoye, dépêche de vider le garage ! | |||
= Scène 2 – Tu ne vivras pas vieux mon frère ! = | |||
= L’aîné (déchu) – Nœud du drame - Dialogue initial = | |||
''Alain assis dans la cuisine, la jambe sur une chaise, une béquille par terre à côté. Son genou enflé est dans un pansement installé tout croche. Il a l’air déchu. Claude entre, avec une pièce de mécanique qui semble précieuse et d’autres juste encombrantes.'' | |||
'''Claude''' : Ouate de phoque, Ti-Boss, que c’est qui s’est passé? Je gage que tu parlais quand fallait t’écoutes, hen, hihi? | |||
'''Alain''' : Haaarghhh ! Viens pas m’écoeurer Ti-Cul, ça fait trop mal pour tes niaiseries. | |||
'''Claude''' : Awww, le gros bébé… ''(pause 5 secondes)'' Non, sérieusement, qu’est-ce qui t’ait arrivé ? T’es tombé ? C’est tu cassé? | |||
'''Alain :''' Je l’sais pas, ça fait juss mal en crisse. On verra ça plus tard. Pour tu-suite, faut que j’rentre le camion dans l’garage, c’est ça qui presse. As-tu fini de tasser ton bardas ? | |||
'''Claude''' : Aïe, c’est tout ce que je fais depuis deux jours là, crisse-moi patience ! | |||
'''Alain''' : Me semble c’est pourtant simple ce qu’on t’a demandé. J’te cré même pas que t’as juste travaillé. Je te gage que t’as niaisé sur l’Internet à place . | |||
'''Claude''' : Oh my dog, pour qui ça se prend cette bibitte là , le roi de la montagne? Je fais ça pour m’man, pas pour toi. Arrête de m’écœurer . | |||
'''Alain''' : Exactement, Claude, c’est moé qui camionne ! C’est moé qui amène l’argent icitte. Faque aweille ! | |||
'''Claude''' ''(rit, roule les yeux)'': Je dis pas ça pour t’écœurer, le grand, mais chu pas mal sûr que ça marche pas de même les affaires. Si t’es fendant de même, t’ira spas loin. | |||
''Alain entend que son frère est inquiet pour lui, mais il ne s’en attendrit pas, au contraire, il se sent insulter et se fait dur.'' | |||
'''Alain''' : C’est toi qui vivras pas vieux, mon frère, si tu me baves de même. Écoute, ti con, c’est simple, j’garde les clefs de ta moto jusqu’à ce que tu finisses la job. | |||
''Claude laisse tomber la ferraille bruyamment, ce qui attire la mère. Pendant qu’elle entre en scène, Claude s’enrage et s’avance, menaçant, après avoir ramasser un de ses morceaux comme une arme.'' | |||
'''Claude''' : Quoi ! Mon ostie de chien sale, donne moé ça tu-suite ou je te pète l’autre jambe! Je joke pas là. Câlisse, pour qui tu t’prends ? | |||
'''Marguerite''' (''s’interposant'') : Claude, arrête ça tu’suite ! Voyons donc mon bébé, t’es plus fin que ça, tu vois bien que ton frère est blessé, faut l’aider là, pas l’tapocher ! | |||
''Marguerite examine le genou d’Alain pour évaluer la sévérité de ses blessures. Elle lui donne un regard compatissant qui semble feint.'' | |||
'''Marguerite''' : Vous deux là, chu tellement tannée de gérer vos chicanes, pis pendant que vous vous chicanez, le camion est toujours à vue, c’est pas supposé, à quoi tu penses ?Alain ? | |||
'''Alain''' (''se prenant le genou en douleur, même si Claude ne l’a pas touché'') : M’man, pourquoi c’est de ma faute ? C’est le jeune qui a pas fini son ostie d’ménage ! Le garage est encore à moitié plein de ses cochonneries. Moé, je peux rien faire avant qu’il finisse sa job. | |||
'''Marguerite''' (''interrompant, n’écoutant pas ses excuses'') : Bon,bon, bon, comme toujours c’est la faute à ton frère, han ?! Change de disque, stp ! Claude, va falloir t’accélères. Un camion qui traîne dans cour, c’est louche. Dans quelle langue faut te le dire que ça presse, mon ti-pet ? | |||
'''Alain''' (''grimace de douleur mais feint une autorité menaçante'' ) : Awaye Claude, grouille-toé ! Chacun sa job, pis tu vois bien que chu pas en état de t’aider. | |||
'''Marguerite''' : Alain, rajoute z’en pas ! Claude va tenir ses promesses, ''(se tournant vers Claude)'' parce que c’est sa mère qui lui demande, han mon grand? | |||
'''Claude :''' Promis m’man, je m’en occupe aussitôt que le gros nono me r’donne mes clefs. Pas avant ! | |||
''Claude commence à partir.'' | |||
'''Marguerite''' : Woah, le p’tit. Laisse pas tes morceaux traîner de même dans cuisine ! | |||
'''Claude''' : Tant que j’ai pas mon bécycle , je joue plus vos jeux, c’tu clair ? | |||
''Claude se barre avant que les deux autres n’aient le temps de rien dire ou faire'' | |||
''Marguerite et Alain se retrouvent seuls'' | |||
'''Marguerite''' : Qu’est-ce que t’as à jambe Alain ? Qui t’a fait ça ? | |||
'''Alain''' : J’ai rien vu venir. Un coup de bat dans l’genou, des étoiles partout. J’sais pas pourquoi, ils m’ont rien dit. Qu’est-ce qui s’passe, m’man ? As-tu déjà vu ça, casser une jambe au prochain chef? J’ai rien faite pour mériter ça ? | |||
'''Marguerite''' : C’est peut-être ça le problème, mon grand, de pas savoir ce que t’as faite justement. Avec ce monde-là, faut jouer trois coups d’avance. | |||
'''Alain''' (''dévisageant sa mère'') : Est-ce que tu sais de quoi, la mère? Tu parles-tu à Patrick dans mon dos ? Je t’ai déjà avertie ! J’ai pus besoin de toi pour dealer avec les Cyclones. | |||
'''Marguerite''' : De un, c’est ma job de mère de t’protéger. De deux, j’la connais la gang, je sais comment ça marche les affaires. | |||
'''Alain''' : M’man, ça fait chier là. Arrête de te mêler de mes affaires ! J’ai l’air de quoi devant la gang? Un ti-gars à sa môman ? Allo le chef ! M’en va m’étendre avec de la glace sul genou pis quand je r’sors y’est bien mieux d’avoir fini sa job, le p’tit morveux. | |||
''Alain s’apprête à partir mais Marguerite l’arrête.'' | |||
'''Marguerite''' : Alain, donne-moi les clefs de la moto, je vas m’arranger avec Claude. | |||
'''Alain''' : Non, je te connais, tu vas te faire avoir par ses yeux de bébé chien. | |||
'''Marguerite''' : On attrape pas les mouches avec du vinaigre! Fais-moi confiance, je sais comment gérer ton frère. Donne la clef! | |||
''Elle tend la main et ne bouge plus, un regard froid''. | |||
'''Alain''' (''bougonnant, lui rend la clef'') : M’man ! C’était ton rêve à toi que j’remplace le père dans les Cyclones, non ? Si je pogne pas le message qu’on vient de m’envoyer, Ça arrivera pas. | |||
'''Marguerite''' (''recevant la clef'') : Arrête de chialer pis fais-moi confiance. Tu fais la vie que t’aimes, non ? | |||
''Impuissant, il fait volte face et boite misérablement hors scène . Marguerite empoche la clef, le regarde quitter avec un air mystérieux. Fin de la scène.'' | |||
= Scène 3 – Le cadet (Le Lendemain) = | |||
''Le soir, dans la cuisine, Marguerite et Alain soupent en silence. Alain a maintenant un plâtre sur sa jambe et la béquille est à sa portée. L’atmosphère est lourd.'' | |||
'''Marguerite''' : Le cul du camion sort encore du garage. Y’a des claques qui se perdent. | |||
'''Alain''' : Oui madame ! | |||
'''Marguerite''': Ton frère a fait sa part, à toi de finir la job. | |||
'''Alain :''' Tu vois bin que chu blessé ? Comment je peux faire ça ? | |||
'''Marguerite :''' Tu veux être le chef pis tu te plaints de même? Sois pas ridicule, fais un homme de toi pis dépêche à finir la Job. | |||
''Claude débarque.'' | |||
'''Claude''': La flemme ! J’me réveille d’un crisse de cauchemar. J’ai rêvé d’un ‘’Claude’’ qui te pétait ‘a jambe avec un bat rouge, mon frère. Crisse de cauchemar! | |||
'''Alain''' et '''Marguerite''', ''ensemble'' : Han ? Quoi ? Toi ? Un Claude ? Viens t’assir. | |||
'''Claude''' : Un Claude dans mon crisse de cauchemar, oui … | |||
'''Alain''' : Comment tu sais que c’est un bat de baseball rouge qui m’a frappé ? | |||
'''Claude''' : Y flashait dans mon crisse de cauchemar, le bat rouge, j’vous dis … Et puis y’avait aussi Patrick, un Patrick, je sais c’est pas qui, j’connais pas de Patrick sauf l’autre jour la mère qui parlait à un Patrick au téléphone ? C’est-tu le même, m’man ? J’ai-tu ''grabbe'' ça dans mon crisse de cauchemar? C’est ''fucké,'' ''man'' ! | |||
'''Alain''' : Es-tu gelé, sans dessein ? | |||
'''Claude''': Pffft, ben non voyons ! Je me réveille, m’en souviens, pis plus j’en parle plus ça revient, ''fuck up man'' ! C’est-tu le Patrick que t’as appelé au téléphone, l’autre jour, qu’a cassé la jambe à mon frère avec un bat rouge, m’man ? Crisse de cauchemar, crisse de cauchemar !!!! | |||
'''Marguerite''' ; N’importe quoi. Pis le bat, il y avait écrit dessus « Plug-in » en noir je suppose? | |||
'''Alain''' et '''Claude''', ''ensemble'' : Comment tu sais ça ? Ouate de phoque ! | |||
'''Marguerite''' : Ben voyons, c’est à vous autres, les boys. Il traîne dans le poulailler depuis des années. Fais dont pas de drame pour rien... | |||
'''Claude''' : Ouais, je l’ai vu hier, j’ai grabbe ça aussi dans mon rêve ! Tabarnac de cauchemar ! | |||
''Alain sort en boitant vers le poulailler, revient avec de la paille sur la tête et le bat dans la main''. | |||
'''Claude''' : Tabarnac, crisse de... | |||
'''Alain''' : Ouais, c’est ce bat là que j’ai vu dans les mains du ''goon'' à Pat ! Il m’a sauté d’ssus dans l’noir, paf sur l’genou, pis y s’est poussé. Ça me revient là, Ti-Cul… Pis ça me fait comprendre des affaires... (''il dévisage sa mère, malheureux comme les pierres'') | |||
'''Claude''' : C’est good, pas d’trouble ! | |||
'''Alain''' : Fait que comme ça, m’man, t’as parlé à Patrick ? | |||
'''Marguerite''' ''(décontenancée)'' : Oui, certainement, comme presqu’à tous les jours, comme… j’aime pas ton ton, là ! | |||
'''Alain''' : C’est toé qui a commandé ça ? | |||
'''Claude :''' « Une petite leçon sans trop le maganer pour le remettre à sa place … » C’est ça que j’ai entendu. J’pensais qu’c’était un nouvel amant, ce Patrick… C’est pire ! | |||
'''Alain :''' Vas-tu dire la vérité, m’man. C’est tu toi qui m’a faite faire ça ? | |||
'''Marguerite''' : Change pas de sujet, qu’est-ce qui arrive avec le camion … ? | |||
'''Alain''' : Non ! C’est toé qui change de sujet. Je comprends asteur comment ça marche icitte… ''(la regardant carrément dans les yeux'') J’en veux pu ! Débrouille toé avec la business, moé j’m’en vas. | |||
'''Claude''' : Ouais, là j’te reconnais, mon grand frère. Enfin t’as compris. Les affaires louches de la mère ça a toujours été un mauvais plan. ''(en ramassant son casque)'' Embarque avec moé, on sacre not’ camp, comme dans La Grande Évasion, ha ! | |||
''Les deux quittent en chantant'' - Nous tout ce qu’on veut c’est être heureux, être heureux avant d’être vieux. On a pas le temps d’attendre d’avoir trente ans … | |||
''Marguerite, défaite, les regarde partir sans un geste pour les retenir.'' | |||
''Elle se met à ramasser ce qui traîne, maladroite, c’est elle qui est déchue maintenant.'' | |||
== La scène (dialogue pour trois interprètes) == | == La scène (dialogue pour trois interprètes) == | ||
'''''C''' pour, Charles en proie à une vive émotion, entre dans la cuisine. '''A''' pour Armand, déjà à table.' | '''''C''' pour, Charles en proie à une vive émotion, entre dans la cuisine. '''A''' pour Armand, déjà à table.' |
Dernière version du 17 juin 2025 à 23:23
*Ensemble (Texte en cours), dernière livraison par CF06mar25, avec Jean Rajotte, Ginette Racine et Xavier Gillet.
Scène 1 – La mère, 18h plus tôt
Marguerite et ses deux fils (Alain aîné, Claude cadet) marchent dans la cour de leur fermette.
Marguerite (à Alain) : Ça commence à faire trop de va-et-vient tes affaires, mon grand. Ça va piquer la curiosité des voisins.
Alain : Fatigue pas avec ça, la mère. Ça commence a m’énerver que tu t’mêles tjrs de mes affaires. Ça fait des mois que je fais la job tu seul. Faque back off, tout est sous contrôle !
Claude : Ou bedon, installe-toi des belles pancartes de légumes à vendre sur le bord de la route, ça fera un beau front pour ta business pas nette nette .
Alain (s’arrête, interdit): Fais pas chier Ti-cul, pis arrête de déconner avec tes niaiseries. C’est du sérieux. Ça fait trois semaines que je t’ai dit de vider le garage. Plutôt que de faire ton comique, vas donc ramasser tes cochonneries, ça presse !
Claude : C’est ton problème, pas le mien.
Alain : Calvaire! Oui, c’est mon problème, pis mon problème c’est ton problème si tu ne montres pas plus de respect. C’est l’problème de tout le monde icitte. Dans l’histoire, tout ce que t’as besoin de savoir c’est que t’es un soldat, faque fais ce qu’on te dit, pis toute va bin aller !
Claude : Moi ton soldat …. dans tes rêves ….
Alain : Dans mes cauchemars tu veux dire, p’tit con ? Ôte ta scrap de d’dans l’garage!
Claude : Mes affaires c’est pas de la scrap ! Chu en train de me monter un chopper, tu vas voir !
Alain : J’ai pus le temps pour les jeux. J’ai besoin du garage . Faque abouti !
Marguerite : Claude bébé, arrête de t’ostiner pis va!
Claude : Ayoye, J’veux rien savoir de vos affaires, vous deux, arrangez-vous!
Alain : Whoa, whoa, minute là. Tu pars pas d’icitte avant d’avoir vider le garage !
Claude : Fuck off, je t'ai dit que c'était pas mon problème. Débrouille-toi donc tu seul, t’es pas infirme!
Marguerite : Tais-toi Claude! Ton frère soutient cette famille faque s’il a besoin du garage, tu vides le garage. Et pis vite à part de ça. Envoye ! Grouille !
Claude : Fais chier. (il ramasse tout de même un morceau)
Marguerite : Oui, je sais.
Claude capitule et sort en rouspétant, kickant un tuyau.
Alain : Je vais barrer sa moto au morveux!
Marguerite : Hey que t’as pas l’tour avec ton frère. Pour être un vrai chef, faut connaître son monde. Fais gaffe fils !
Alain : Fais gaffe à quoi ? Je sais ce que je fais, la mère. Toute la gang des Cyclones mange dans ma main. C’est moé qui mène le jeu depuis un méchant boutte, pis tu peux être fière de ça.
Marguerite : Je m’inquiète de toi, Alain. On dirait que tu pognes pas le vrai caractère du monde. Crois-moi, il faudrait pas je te rapporte tout ce qui se dit sur toi...
Alain : Je l’sais de quoi j’ai l’air, t’as pas à t’en mêler. C’est moé l’prochain chef, point final, câlisse!
Marguerite l’interrompt.
Marguerite (fâchée) : Aille ! Sacre pas après moi, chut’à boutte de tes airs de méchants, on est pas dans un film de gangster, câlisse toi-même!
Alain (menaçant) : Si je te pognes à te mêler de mes affaires , ça sera pas drôle !
Marguerite : C’est-tu une menace ?
Alain : Bin, une mère avertie en vaut deux. Bye !
Il quitte la scène en colère. Claude stallé juste en dedans du garage, à scroller sur son cell au lieu de travailler, à l’abri du regard maternel. Il épie sa mère. Marguerite se croyant seule lance un appel sur son cell.
Marguerite : Salut Patrick…. Oui… non, non on est bon pour demain! … Pas pour ça j’t’appelle. Je... non... c’est ça... euh… Écoutes ! J’ai un service à te demander. Bon, mon gars-là.. oui mon grand Alain, mon gars se pense trop smatte pis il va fucker la business s’il continue de même… Une petite leçon sans trop le maganer pour le remettre à sa place ? Pas trop fort là! Jusse assez pour qu’il comprenne le message, mais pas trop pour le déboiter à vie, on s’entend? … T’as tout compris, mon Pat! Ça reste entre nous, han? Du haut du paradis des bikes, ton vieux chum t’en devra une de plus…. Non, c’est vrai. Pas facile de faire la mère pis le père en même temps. OK merci, parfait! ... Ciao Patrick! (elle vient pour rajouter quelque chose)
Claude (sortant de l’ombre) : C’est qui Patrick m’man ?
Marguerite (sursautant): Pose dont pas de question pis j’te conterai pas de mensonges.
Claude : Ah câlice, pas un autre chum, sa mère? Come on? On peut-tu avoir un brake de toué loosers que tu ramènes pis qui se prennent pour notre père ?
Marguerite : Commence pas à m’gosser, toé Envoye, dépêche de vider le garage !
Scène 2 – Tu ne vivras pas vieux mon frère !
L’aîné (déchu) – Nœud du drame - Dialogue initial
Alain assis dans la cuisine, la jambe sur une chaise, une béquille par terre à côté. Son genou enflé est dans un pansement installé tout croche. Il a l’air déchu. Claude entre, avec une pièce de mécanique qui semble précieuse et d’autres juste encombrantes.
Claude : Ouate de phoque, Ti-Boss, que c’est qui s’est passé? Je gage que tu parlais quand fallait t’écoutes, hen, hihi?
Alain : Haaarghhh ! Viens pas m’écoeurer Ti-Cul, ça fait trop mal pour tes niaiseries.
Claude : Awww, le gros bébé… (pause 5 secondes) Non, sérieusement, qu’est-ce qui t’ait arrivé ? T’es tombé ? C’est tu cassé?
Alain : Je l’sais pas, ça fait juss mal en crisse. On verra ça plus tard. Pour tu-suite, faut que j’rentre le camion dans l’garage, c’est ça qui presse. As-tu fini de tasser ton bardas ?
Claude : Aïe, c’est tout ce que je fais depuis deux jours là, crisse-moi patience !
Alain : Me semble c’est pourtant simple ce qu’on t’a demandé. J’te cré même pas que t’as juste travaillé. Je te gage que t’as niaisé sur l’Internet à place .
Claude : Oh my dog, pour qui ça se prend cette bibitte là , le roi de la montagne? Je fais ça pour m’man, pas pour toi. Arrête de m’écœurer .
Alain : Exactement, Claude, c’est moé qui camionne ! C’est moé qui amène l’argent icitte. Faque aweille !
Claude (rit, roule les yeux): Je dis pas ça pour t’écœurer, le grand, mais chu pas mal sûr que ça marche pas de même les affaires. Si t’es fendant de même, t’ira spas loin.
Alain entend que son frère est inquiet pour lui, mais il ne s’en attendrit pas, au contraire, il se sent insulter et se fait dur.
Alain : C’est toi qui vivras pas vieux, mon frère, si tu me baves de même. Écoute, ti con, c’est simple, j’garde les clefs de ta moto jusqu’à ce que tu finisses la job.
Claude laisse tomber la ferraille bruyamment, ce qui attire la mère. Pendant qu’elle entre en scène, Claude s’enrage et s’avance, menaçant, après avoir ramasser un de ses morceaux comme une arme.
Claude : Quoi ! Mon ostie de chien sale, donne moé ça tu-suite ou je te pète l’autre jambe! Je joke pas là. Câlisse, pour qui tu t’prends ?
Marguerite (s’interposant) : Claude, arrête ça tu’suite ! Voyons donc mon bébé, t’es plus fin que ça, tu vois bien que ton frère est blessé, faut l’aider là, pas l’tapocher !
Marguerite examine le genou d’Alain pour évaluer la sévérité de ses blessures. Elle lui donne un regard compatissant qui semble feint.
Marguerite : Vous deux là, chu tellement tannée de gérer vos chicanes, pis pendant que vous vous chicanez, le camion est toujours à vue, c’est pas supposé, à quoi tu penses ?Alain ?
Alain (se prenant le genou en douleur, même si Claude ne l’a pas touché) : M’man, pourquoi c’est de ma faute ? C’est le jeune qui a pas fini son ostie d’ménage ! Le garage est encore à moitié plein de ses cochonneries. Moé, je peux rien faire avant qu’il finisse sa job.
Marguerite (interrompant, n’écoutant pas ses excuses) : Bon,bon, bon, comme toujours c’est la faute à ton frère, han ?! Change de disque, stp ! Claude, va falloir t’accélères. Un camion qui traîne dans cour, c’est louche. Dans quelle langue faut te le dire que ça presse, mon ti-pet ?
Alain (grimace de douleur mais feint une autorité menaçante ) : Awaye Claude, grouille-toé ! Chacun sa job, pis tu vois bien que chu pas en état de t’aider.
Marguerite : Alain, rajoute z’en pas ! Claude va tenir ses promesses, (se tournant vers Claude) parce que c’est sa mère qui lui demande, han mon grand?
Claude : Promis m’man, je m’en occupe aussitôt que le gros nono me r’donne mes clefs. Pas avant !
Claude commence à partir.
Marguerite : Woah, le p’tit. Laisse pas tes morceaux traîner de même dans cuisine !
Claude : Tant que j’ai pas mon bécycle , je joue plus vos jeux, c’tu clair ?
Claude se barre avant que les deux autres n’aient le temps de rien dire ou faire
Marguerite et Alain se retrouvent seuls
Marguerite : Qu’est-ce que t’as à jambe Alain ? Qui t’a fait ça ?
Alain : J’ai rien vu venir. Un coup de bat dans l’genou, des étoiles partout. J’sais pas pourquoi, ils m’ont rien dit. Qu’est-ce qui s’passe, m’man ? As-tu déjà vu ça, casser une jambe au prochain chef? J’ai rien faite pour mériter ça ?
Marguerite : C’est peut-être ça le problème, mon grand, de pas savoir ce que t’as faite justement. Avec ce monde-là, faut jouer trois coups d’avance.
Alain (dévisageant sa mère) : Est-ce que tu sais de quoi, la mère? Tu parles-tu à Patrick dans mon dos ? Je t’ai déjà avertie ! J’ai pus besoin de toi pour dealer avec les Cyclones.
Marguerite : De un, c’est ma job de mère de t’protéger. De deux, j’la connais la gang, je sais comment ça marche les affaires.
Alain : M’man, ça fait chier là. Arrête de te mêler de mes affaires ! J’ai l’air de quoi devant la gang? Un ti-gars à sa môman ? Allo le chef ! M’en va m’étendre avec de la glace sul genou pis quand je r’sors y’est bien mieux d’avoir fini sa job, le p’tit morveux.
Alain s’apprête à partir mais Marguerite l’arrête.
Marguerite : Alain, donne-moi les clefs de la moto, je vas m’arranger avec Claude.
Alain : Non, je te connais, tu vas te faire avoir par ses yeux de bébé chien.
Marguerite : On attrape pas les mouches avec du vinaigre! Fais-moi confiance, je sais comment gérer ton frère. Donne la clef!
Elle tend la main et ne bouge plus, un regard froid.
Alain (bougonnant, lui rend la clef) : M’man ! C’était ton rêve à toi que j’remplace le père dans les Cyclones, non ? Si je pogne pas le message qu’on vient de m’envoyer, Ça arrivera pas.
Marguerite (recevant la clef) : Arrête de chialer pis fais-moi confiance. Tu fais la vie que t’aimes, non ?
Impuissant, il fait volte face et boite misérablement hors scène . Marguerite empoche la clef, le regarde quitter avec un air mystérieux. Fin de la scène.
Scène 3 – Le cadet (Le Lendemain)
Le soir, dans la cuisine, Marguerite et Alain soupent en silence. Alain a maintenant un plâtre sur sa jambe et la béquille est à sa portée. L’atmosphère est lourd.
Marguerite : Le cul du camion sort encore du garage. Y’a des claques qui se perdent.
Alain : Oui madame !
Marguerite: Ton frère a fait sa part, à toi de finir la job.
Alain : Tu vois bin que chu blessé ? Comment je peux faire ça ?
Marguerite : Tu veux être le chef pis tu te plaints de même? Sois pas ridicule, fais un homme de toi pis dépêche à finir la Job.
Claude débarque.
Claude: La flemme ! J’me réveille d’un crisse de cauchemar. J’ai rêvé d’un ‘’Claude’’ qui te pétait ‘a jambe avec un bat rouge, mon frère. Crisse de cauchemar!
Alain et Marguerite, ensemble : Han ? Quoi ? Toi ? Un Claude ? Viens t’assir.
Claude : Un Claude dans mon crisse de cauchemar, oui …
Alain : Comment tu sais que c’est un bat de baseball rouge qui m’a frappé ?
Claude : Y flashait dans mon crisse de cauchemar, le bat rouge, j’vous dis … Et puis y’avait aussi Patrick, un Patrick, je sais c’est pas qui, j’connais pas de Patrick sauf l’autre jour la mère qui parlait à un Patrick au téléphone ? C’est-tu le même, m’man ? J’ai-tu grabbe ça dans mon crisse de cauchemar? C’est fucké, man !
Alain : Es-tu gelé, sans dessein ?
Claude: Pffft, ben non voyons ! Je me réveille, m’en souviens, pis plus j’en parle plus ça revient, fuck up man ! C’est-tu le Patrick que t’as appelé au téléphone, l’autre jour, qu’a cassé la jambe à mon frère avec un bat rouge, m’man ? Crisse de cauchemar, crisse de cauchemar !!!!
Marguerite ; N’importe quoi. Pis le bat, il y avait écrit dessus « Plug-in » en noir je suppose?
Alain et Claude, ensemble : Comment tu sais ça ? Ouate de phoque !
Marguerite : Ben voyons, c’est à vous autres, les boys. Il traîne dans le poulailler depuis des années. Fais dont pas de drame pour rien...
Claude : Ouais, je l’ai vu hier, j’ai grabbe ça aussi dans mon rêve ! Tabarnac de cauchemar !
Alain sort en boitant vers le poulailler, revient avec de la paille sur la tête et le bat dans la main.
Claude : Tabarnac, crisse de...
Alain : Ouais, c’est ce bat là que j’ai vu dans les mains du goon à Pat ! Il m’a sauté d’ssus dans l’noir, paf sur l’genou, pis y s’est poussé. Ça me revient là, Ti-Cul… Pis ça me fait comprendre des affaires... (il dévisage sa mère, malheureux comme les pierres)
Claude : C’est good, pas d’trouble !
Alain : Fait que comme ça, m’man, t’as parlé à Patrick ?
Marguerite (décontenancée) : Oui, certainement, comme presqu’à tous les jours, comme… j’aime pas ton ton, là !
Alain : C’est toé qui a commandé ça ?
Claude : « Une petite leçon sans trop le maganer pour le remettre à sa place … » C’est ça que j’ai entendu. J’pensais qu’c’était un nouvel amant, ce Patrick… C’est pire !
Alain : Vas-tu dire la vérité, m’man. C’est tu toi qui m’a faite faire ça ?
Marguerite : Change pas de sujet, qu’est-ce qui arrive avec le camion … ?
Alain : Non ! C’est toé qui change de sujet. Je comprends asteur comment ça marche icitte… (la regardant carrément dans les yeux) J’en veux pu ! Débrouille toé avec la business, moé j’m’en vas.
Claude : Ouais, là j’te reconnais, mon grand frère. Enfin t’as compris. Les affaires louches de la mère ça a toujours été un mauvais plan. (en ramassant son casque) Embarque avec moé, on sacre not’ camp, comme dans La Grande Évasion, ha !
Les deux quittent en chantant - Nous tout ce qu’on veut c’est être heureux, être heureux avant d’être vieux. On a pas le temps d’attendre d’avoir trente ans …
Marguerite, défaite, les regarde partir sans un geste pour les retenir.
Elle se met à ramasser ce qui traîne, maladroite, c’est elle qui est déchue maintenant.
La scène (dialogue pour trois interprètes)
C pour, Charles en proie à une vive émotion, entre dans la cuisine. A pour Armand, déjà à table.'
C : C'tu 'a mère qui capote? Y'a un fuckin cadenas su'mon bike!
A : Tu ne vivras pas vieux mon frère ... c'est pour ton bien.
C : C'tu toi? Mon tab...k
A (lui enfonce la canne dans le ventre et le tient à distance) : À la demande de mère trouduc.
C, se calmant : Chu tannée J'ai-tu hâte de partir d'icitte... c'quoi l'affaire? Que c'est qu'a veut?
A : Que tu ailles réparer la crevaison d'un camion en panne sur l'autoroute.
C : Un truck? J'ai pas les touls moé bro! C'quoi l'affaire?
A : Pose pas de question.
C : La mère sais-tu c'est quoi les patentes q'tu fais dans le garage?
A : Arrête ton chantage, ce que mère veut. Sois prudent, y'a pas le feu encore. Va chercher la camionnette de Beaucave, avec les outils qu'il faut. Fais gaffe, tête de noeud!
A : Tant que j'ai du gaz à mettre dans l'bike,
A : C'est bien ce que je disais, tu vivras pas vieux. Tu vas te prendre un platane un de ces jours.
C (imitant l'accent empruté de son frère) : Un platane ou un poulet ! Je crois que je préfère encore le platane, parce que les flics sont comme toi, trop chiants. (en chantant) - Moi, tout ce que je veux c'est être heureux, être heureux avant d'être vieux ...
A : Ce que tu peux être mauvais!!
C : C'est sûr tu vivras vieux, pis longtemps pcq tu l'es déjà.
La mère arrive ...
M (s'arrête, interdite) : .C'est quoi le complot à matin? Allez donc travailler, fainéants!
C : Justement, besoin de mon bike, mom. Ousse ta mi 'a key?
M : Peux-tu faire une phrase avec sujet-verbe-compliment svp?
C : Niaise moi pas m'man! Go! Give moi la fuckin clef!
A : Tu ne vois pas qu'elle pige que dalle! Fout-lui la paix!
M : Armand! Si t'as la clef, donnes-y la clef qu'on en finisse. Arrrggghhhhh ... (La mère quitte la pièce, exaspérée)
C : c'tu toi taba...k?
A : Elle est dans ma poche la clef.
C : Arrange-toi avec tes affaires d'abord! Je retourne me coucher.
A : Tu peux marcher jusque chez Beaucave. Ça va prendre une demie heure, c'est plus sécuritaire pour ta petite personne, mon frère.
C : Tu me fuckin niaises!
A : C'est pour te rappeller notre secret, petite merde. Laisse la mère en dehors de tout ça. Si jamais a fini par savoir quoique que ce soit qui se passe d'autre dans le garage, je saurai que ça vient de toi.
En coup de vent, la mère revient, aux prises avec une mouche harcelante.
M : Les mouches se réveillent, c'est le pire temps de l'année pour elles. Elles sont affammées et voler leur coûte trop d'énergie.. Que c'est encore vous deux ? C'est quoi le secret? Quel secret? Il arrive 9h. Que c'est que vous faites encore icitte à traîner?
C (à son frère) : Passe-moi ton char d'abord! Enwoye!
A : Marches!
C : Mom? Dis-y qu'il m'passe son char.
M (À Armand) : Fais beau, mon grand, prends ta moto voyons!
A : En plein ce que je lui disais, mieux que ça, marches! La quincaillerie se fait à pied, tu ne seras même pas en retard.
C : J'en ai plein mon casse! J'prends ton char! M'man tu vois pas comment il me niaise là?
M : Bon, toujours aussi victime mon grand ! (Au cadet) Si tu prends cette voiture sans l'accord de ton frère, c'est du vol, et j'appellerai la police. T'es prévenu.
C : Qu'y débarre mon bike now! Mais il est déjà vieux et con, et ça c'est grave, parce que ça risque de durer longtemps. Pauvre vieux !