« NoCase » : différence entre les versions

Je ne me pardonne pas de n'avoir pas su décoder les silences de ton enfance.  Ces refus grandissants de répondre à mes questions.  Je me souviens parfaitement du jour où j'ai abdiqué de nous deux.  On habitait le chalet au bord du fleuve.  Tu avais 8 ans.  Tu étais assise, en avant, siège passager.  Je t'avais vu descendre de l'autobus la mine sombre.  Je t'ai bombardée tout de suite.  ''- T'es fatigante avec toutes tes questions, toujours pareilles. As-tu passé une bonne journée?  T'as mangé tout ton lunch?  Dans la cour, aux récrés, comment ça s'est passé?  J'ai rien à dire.  Laisse-moi tranquille!''  Que d'exaspération!  Tu souffrais clairement mais refusais mon aide.  À cet instant, j'ai crû que le mieux était de respecter ça et te ficher la paix.  Et, je me suis trouvé bonne mère de faire ça.  Aujourd'hui, je comprends comment je t'abandonnais encore à tes problèmes d'intimidation à l'école.  

== La voix de la joie ==

Ma joie est celle reçue de ma mère, cette joie que je porte depuis ma naissance, et que j'ai sû garder même après la mort de mon frère, même après que mon père ait intenté à ma pudeur, même après ton départ, ma fille, mon amour, mon grand rêve.  Je reste joyeuse envers et contre tout. Mais ce matin, je marche délestée du poids de mes fautes à ton égard.  J'ai renoué avec une foi qui me fait comprendre comment cet héritage vient de ma lignée maternelle, celui que je te laisse, mon enfant, ma chérie.  Qu'au lieu de plier sous les reproches, les accusations bonnes ou mauvaises, j'ai le devoir de porter cette joie haut et fort.  Et quand le malin prendra conscience de ta puissance, son dénigrement à l'égard de tout ce qui te fait me ressembler prendra le visage de ta beauté. Quel miracle que celui de vivre et de t'aimer, ma précieuse fille!  Parce que l'amour est plus fort tout et que tu as choisi d'aimer un être qui en a cruellement manqué, j'ai la foi que ton amour pour ta famille remplira l'immense gouffre de ses carences.